Patrimoine Rural du Bessin (P.R.B.)

Bulletin N°3 - Décembre 2001 -

Editorial : Agriculture et Patrimoine Rural

Comité de rédaction du bulletin PRB

L'inventaire des paysages de Basse-Normandie …

Conseil d'Administration et Bureau

Les constructions en terre du Bessin

Il faut protéger nos églises de campagnes

Botanique au long des chemins du Bessin (Résumé de la conférence de Michel Provost du 9 août 2000).

Embellissement des villages du Bessin

La promenade culturelle du mois d'août.

La préservation du paysage rural dans le Plan d'Occupation des Sols.

Bibliographie

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Editorial : Agriculture et Patrimoine Rural

Les rapports Agriculture et patrimoine rural (Paysage et patrimoine bâti, environnement) sont souvent difficiles et provoquent des litiges au lieu de dialogues constructifs.

Attachés à leurs maisons et à leurs terres qui sont souvent ceux de leurs ancêtres, les agriculteurs le sont aussi naturellement attachés à leur village, à son église et son cimetière, à ses vieilles maisons. Comment ne seraient-ils pas sensibles au paysage ?

Ils veulent aussi obtenir le meilleur prix de la vente de bâtiments devenus inadaptés à l’usage agricole, de terrains à construire, sachant bien que ces nouveaux habitants seront des contribuables qui les déchargeront d’une partie des impôts communaux. Ils veulent remplir leurs gîtes ruraux. Ils n’ignorent pas que les acheteurs de terrain ou de bâtiment comme les hôtes des gîtes veulent s’installer de préférence dans des villages de caractère au milieu d’un beau paysage. Autant de bonnes raisons pour eux de participer à la protection du patrimoine rural et notamment d’un paysage dont ils sont en quelque sorte les gardiens.

Mais les agriculteurs veulent aussi, et c’est inévitable et légitime, se moderniser : agrandir leur exploitation, transformer des prairies en terres cultivées, regrouper et agrandir les parcelles, construire des installations plus grandes et plus modernes, employer des machines performantes et réduire la main d’œuvre.

Or cette modernisation se traduit bien souvent, par des atteintes au patrimoine et à l’environnement dont beaucoup pourraient être évitées ou au moins atténuées. C'est d'ailleurs ce que souhaitent de plus en plus d’agriculteurs raisonnables : parmi les exemples d'atteintes à l'environnement, on peut citer les suivants mais également évoquer en même temps les exemples à suivre.

- transformation du paysage bocager en campagne avec abattage des arbres et des haies : s’il est vrai que le paysage a toujours évolué pourquoi dans les cas où elles ont une utilité ne pas les conserver ou ne pas en en créer autour des parcelles nouvelles. Exemple l’opération de replantation de haies à Saint-Gabriel-Brécy.

- suppression de chemins, de mares :  serait-ce une grande gêne pour l’agriculture de maintenir des chemins même devenus inutiles et de laisser une haie ou d’en recréer, au moins sur un côté. C’est ce qu’a fait la commune de CROUAY.

- construction de bâtiments ruraux sans aucun caractère : des agriculteurs qui ont compris l’intérêt de la protection des abords des monuments historiques, éloignent leurs constructions nouvelles de ces monuments. Conseillés par le CAUE du Calvados, ils s’efforcent de leur donner un aspect qui ne heurte pas le paysage et le dissimule par des plantations. Pour réduire les pollutions, ils observent plus strictement les réglementations et maintiennent leurs installations dans le meilleur état de propreté possible

- machines agricoles énormes, bruyantes, entravant la circulation, dégradant les voies et potentiellement dangereuses : des agriculteurs sensibles à ces problèmes, s’interrogent sur la nécessité d’avoir des machines aussi grosses; ils cherchent aussi à leur faire emprunter les voies qui gênent le moins les riverains.

Une majorité d’agriculteurs reste réticente à l’égard des POS ou des cartes Communales dont l’objet est notamment de définir les zones constructibles et les haies et bois qui doivent être conservés. D’autres ont compris l’utilité de ces règlements et participent positivement à leur élaboration.

Les autorités qui interviennent dans le domaine agricole ont un rôle très important à jouer. Elles montrent pour appliquer une réglementation, souvent moins stricte que dans d’autres pays, une compréhension qu’elles n’ont pas toujours envers les simples particuliers, les industriels, les commerçants, les artisans. Pourquoi n’incitent-elles pas plus les agriculteurs qui lui demandent autorisation ou permis à tenir compte du patrimoine et de l’environnement ?

Pourquoi les organisations agricoles qui défendent les intérêts des agriculteurs et les conseillent n’agissent elles pas dans le même sens ?

 

Une concertation est en cours dans le Calvados mais elle ne couvre semble t-il que le paysage. Nous souhaitons qu’elle s’étende au patrimoine bâti et à l’environnement (nuisances) et qu’elle associe tous ceux qui sont concernés : les agriculteurs et leurs organisations représentatives, les pouvoirs publics, les usager (associations de défenses du patrimoine ou de l'environnement) afin de rechercher les solutions qui tiennent compte des intérêts respectifs.

Le président

 

Comité de rédaction du Bulletin P.R.B.

 Le dernier conseil de P.R.B. a constitué un comité de rédaction du bulletin afin de pouvoir confronter les idées, décider du contenu et de la forme du bulletin, participer à la rédaction.

En font partie : Danielle Abolhamd, Pierre Brunet, François Le Berre et Jean Leproux.

Il est fait à nouveau appel aux lecteurs pour qu'ils nous adressent toutes les informations qu'ils pourraient avoir ou recueillir sur des événements positifs ou négatifs pour le patrimoine rural du Bessin, mais aussi des textes qu'ils souhaiteraient voir publier. Une seule condition c'est que leurs informations ou textes aient un intérêt général.

Il est rappelé, à ce propos, que nous recherchons des informations sur le moulin à vent de Martragny et que nous voulons faire l'inventaire des fours à chaux et des colombiers du Bessin. Faites-nous savoir tout ceux que vous connaissez en nous indiquant leur localisation précise.

 

L'inventaire des paysages de Basse Normandie : un outil pour conserver l’originalité de nos paysages

(Ouvrage hors commerce à paraître en février 2003. S’adresser au Conseil Régional de Basse-Normandie)

A la demande du Conseil Régional et de la Direction Régionale de l’Environnement de Basse-Normandie, cet inventaire a été préparé par le Professeur Pierre BRUNET avec la collaboration du paysagiste Pierre GIRARDIN. L’ouvrage, en 2 volumes, de 700 pages, illustré d’autant de photographies, comprend d’abord un essai sur l’histoire de ces paysages, leur création et leur évolution, suivi d’une partie consacrée aux haies, à leur composition botanique et leurs divers types. La présentation de 75 unités de paysage identifiées à travers leur explication, leurs caractères originaux et leur transformation en cours occupe l’essentiel de l’ouvrage. Le Bessin relève de 7 unités de paysages : la baie des Veys, les falaises rectilignes, la côte à plages et marais, le grand bocage, l’Entre Bessin et plaine de Caen, le Bessin méridional boisé et les marais de l’Aure. Comme pour beaucoup d’autres paysages bas-normands les artistes n’ont guère contribué à les faire connaître au grand public même si on peut évoquer les tableaux de Georges Seurat, Paul Signac, Auguste Bonheur, Adolphe Maugendre pour le XIXè siècle et de Gilbert Bazard, Louis Garrido, Pierre Courtois et Roland Lefranc pour la période la plus récente.

Puisse une meilleure connaissance de nos paysages pour éclairer les acteurs de leur transformation et contribuer à en maintenir leur originalité !

 

Les constructions en terre du Bessin

Si le Bessin est fondamentalement une région de constructions en calcaire ou en schiste, il possède quelques îlots d’édifices en " mâsse " dans sa partie méridionale. On peut citer pour leur caractère exceptionnel le Colombier de Bercé à Saonnet qui sera bientôt restauré et la tour du moulin à vent des Tringalles à la Folie, hélas très ruinée, Il serait intéressant d’établir un relevé de ces bâtiments en terre afin d’identifier les plus remarquables et essayer de les préserver.

 

 Il faut protéger nos églises de campagne (suite)

Complément à l’article paru dans le bulletin N° 2.

Le chiffre approximatif de 130 églises doit être précisé. Il comprend les communes du Bessin au sens étroit du terme c’est à dire celles situées entre Seulles et Aure mais aussi celles qui bordent la Seulles de Courseulles à Vaux sur Seulles, soit au total 115 communes avec 126 églises paroissiales ou abbatiales (le regroupent de communes fait qu’il peut y avoir deux ou trois églises dans une seule commune.

Parmi ces 126 églises, 40 sont classées – totalement ou en partie - Monument historique ou inscrites à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques ce qui leur donne une protection effective et celle de leurs abords. 5 sont inscrites à l’Inventaire départemental leur permettant ainsi de bénéficier de subventions pour leur restauration mais elles n’ont pas la protection légale de leurs abords.

 

Botanique au long des chemins du Bessin

Résumé de la conférence de Michel PROVOST (Université de Caen), le 9 août 2001 à l’assemblée générale de P.R.B.

Les chemins et leurs abords représentent d’authentiques milieux de vie, parfois même de véritables refuges, pour de nombreuses espèces végétales et animales. Dans le Bessin, ils traversent la campagne, les cultures, le bocage, les villages, les marais ; ils longent aussi les falaises du littoral et dans chaque cas leur flore se révèle différente.

Les chemins creux et leurs haies rappellent fortement la forêt, une forêt linéaire, étroite certes, mais qui suffit à de nombreuses espèces sylvatiques. On y rencontre ainsi la jacinthe des bois, la stellaire, la ficaire, le lamier jaune, l’euphorbe des bois, la scolopendre, l’arum, la benoîte, le fragon, etc .

Les fossés bordant les chaussées du marais offrent à la vue du promeneur de belles populations des discrets myriophylles, potamots, élodées, azolles et autres lentilles d’eau, cependant que se dressent au-dessus du liquide rubaniers, sagittaires, plantains d’eau, butomes, iris jaunes, salicaires, roseaux... Les bermes humides se signalent par la présence de l’angélique sauvage, de la reine des prés, de la consoude, de la pulicaire ou de la cardamine des prés.

En terrain calcaire, les talus, surtout si exposés au sud, hébergent de nombreuses plantes amies de la chaleur et de la sécheresse : des orchidées (l’ophrys abeille, l’orchis bouc, l’orchis pyramidal...), l’origan , la centaurée scabieuse, le cirse acaule, le millepertuis, l’orobanche sanglante, etc.

Au voisinage des habitations, les activités humaines enrichissent souvent le milieu en substances diverses et particulièrement en nitrates. Cela convient parfaitement à la bardane, la ballotte, l’alliaire, la chélidoine, le géranium herbe-à- Robert, les molènes, le gratteron ou encore la redoutable grande ciguë tachetée.

Les chemins du littoral circulent à différents niveaux des falaises. Vers le pied, battu par les embruns, s’accrochent la criste marine et le rare Asplenium marinum dont la pointe du Hoc représente la dernière localité actuelle du Calvados. Par endroits, des suintements d’eau carbonatée deviennent fontaines pétrifiantes et accumulent du travertin grâce à la complicité de la mousse Cratoneuron. Plus haut, ce sont des pentes marneuses à tussilage et chlore, des pelouses calcicoles plus ou moins denses où se niche le sénecon blanchâtre (Senecio helenitis subsp. candidus) lequel n’existe au monde que sur les falaises littorales calcaires du Bessin et du pays de Caux ; c’est une endémique normande ! Au front de la falaise, au niveau de petites marches d’escalier au sol décarbonaté, on a la surprise de rencontrer des fragments de lande à bruyère (ici Calluna vulgaris).

 

Toutes ces plantes présentent quelque particularité qu’il faut savoir découvrir : morphologie, écologie, usages, biologie de la reproduction (adaptations à la pollinisation ou à la dissémination des semences, par le vent, les animaux, etc.), répartition géographique...

Pour le botaniste débutant, pas besoin d’explorer des milieux exceptionnels tels que tourbières, landes, grandes forêts ou coteaux calcaires pour satisfaire sa curiosité : plus de 400 espèces végétales peuplent les chemins du Bessin ! 

 

Embellissement des villages du Bessin

Notre dernier conseil d’administration a approuvé unanimement une proposition de notre ami Robert CARLANDER pour aider à l’embellissement des villages du Bessin .Il vous l’expose ci dessous

Les villages du Bessin présentent généralement des bâtiments de grande qualité (églises, fermes, constructions diverses) que l’on ne retrouve pas ailleurs.

Toutefois ces bâtiments, et leur environnement immédiat, pourraient sans doute être davantage mis en valeur comme c’est le cas dans d’autres régions, par exemple dans la Bretagne voisine. Notre association pourrait jouer un rôle utile dans ce processus, compte tenu de son expérience dans ce genre de problèmes et des relations étroites qu’elle entretient avec les différents organismes susceptibles d’apporter leur aide dans ce domaine.

Nos moyens financiers sont évidemment modestes et il serait raisonnable, au début, de se limiter à une seule commune qui pourrait ensuite servir d’exemple à d’autres. Le concours de son maire, de son conseil municipal et de la majorité de ses habitants serait évidemment essentiel.

En dehors de retombées esthétiques et touristiques la réussite de ces travaux d’aménagement aurait un effet positif sur la valeur des bâtiments et terrains dans la commune.

 

Nous faisons appel aux élus municipaux mais aussi aux habitants pour qu’ils réfléchissent à notre proposition de rendre avec notre aide leur commune plus belle et plus attractive. Pour avoir des informations plus précises qu’ils n’hésitent pas à nous appeler : tel Jean LEPROUX 02 31 22 23 35.

 

La promenade culturelle du mois d'août 2001 : les fours à chaux

Cette année PRB organisait sa promenade autour de CROUAY et de COTTUN, en plein cœur du Bessin. Avec comme thèmes culturels, les églises de ces deux villages et les fours à chaux de Crouay.

A CROUAY, nous avons visité l’église St Martin (I.S.M.H.XIIIès) avec sa Charité (fin XVe) et ses épitaphes. Et les fours à Chaux dont nous avons pu, grâce à l’obligeance du propriétaire, Mr LEMERCIER, admirer le plus représentatif, parfaitement conservé. Afin d’être remis en valeur il n’attend plus que des bénévoles pour faire des recherches et les mettre en forme, ou pour nettoyer le four et ses abords. Il pourra alors être ouvert à la visite.

Que les volontaires se fassent connaître à notre association.

A COTTUN nous avons vu l’église Saint André (XIIè/XIVè s.), avec les modillons de sa nef, le chœur très original et ses chapiteaux décorés de personnages (milieu XIVè.)

Un après midi réussie malgré la pluie pendant une bonne partie du parcours.

 

La préservation du Paysage Rural dans le plan d'Occupation des Sols désormais PLU (Plan local d'Urbanisme)

En élaborant leur Plan d'Occupation des Sols (POS), l'objectif premier de la majorité des communes du Bessin est de conserver leur caractère de ruralité. La préservation de l'environnement rural qui constitue un point de passage obligé pour conserver le caractère de ces communes se traduit surtout par :

ü      Une structuration de l'espace par les coupures d'urbanisation.

ü      La protection d'un linéaire important de haies qui contribue à caractériser le paysage communal sous forme d'espaces boisés classés.

ü     Un règlement qui encadre les opérations de rénovation de bâtiments anciens, pour éviter de les voir défigurer sous l'influence des modes, comme celle de dépouiller par exemple les façades de pierres maçonnées de leur enduit original à la chaux.

Adoptée le 13 décembre 2000, la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (S.R.U.) modifie la procédure et le contenu des documents d'urbanisme. Elle substitue aux schémas directeurs, ceux de cohérence territoriale (S.C.O.T.) et aux plans d'occupation des sols, les plans locaux d'urbanismes (PLU). En ce qui concerne les procédures en cours, les dispositions transitoires ont été mises en palce.

Ainsi, dans son article 4, la loi a prévu que les plans d'occupation des sols rendus publics avant sa date d'entrée en vigueur demeurent opposables dans les conditions antérieures à la dite loi, cependant leur approbation doit alors intervenir dans un délai d'un an à compter de cette entére en vigueur de la nouvelle loi. Celle-ci est intervenue le 1er avril 2000.

En conséquence, un POS en cours d'élaboration ayant été rendu public avant le 1er avril 2001, ne pourra être approuvé dans la forme et le contenu actuels si son approbation intervient avant le 1er avril 2002. Dans le cas contraire, son approbation ne pourra intervenir que selon les règles du nouveau régime.

Ces renseignements sur les nouvelles dispositions des règles d'urbanisme qui ne changent en rien la notion de protection de l'environnement rural étaient nécessaires pour souligner l'importance du PLU remplaçant désormais le POS.

 

Bibliographie 

Olivier MERIEL qui a beaucoup exposé et publié sur la Normandie vient de réaliser sur le BESSIN soixante photographies d’art qui sont réunies dans un album avec une préface du Professeur BRUNET. Le talent d’Olivier MERIEL et le procédé photographique qu’il utilise lui permettent de nous donner de notre Pays des images très poétiques, baignées dans une lumière irréelle.

Un ouvrage que tout amoureux du Bessin doit posséder.

Ouvrage très utile : toutes les communes du Calvados y figurent, canton par canton et commune par commune avec leur superficie, le nombre d’habitants, un historique succinct et la description des éléments notables du patrimoine.

Bien présenté et illustré, facile à consulter, on regrettera qu’il omette beaucoup de monuments importants et que souvent les informations historiques n’aient pas été vérifiées.

 

Voir les articles généraux sur le Monde Rural Normand, un article de notre ami le Pr Pierre BRUNET sur le plan de PICAUVILLE(Manche) en 1581, et un autre sur Gilles de Gouberville, un Maire Rural Avant La Lettre, de Guy DESCHAMPS. 

 

 

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